TEXTS

CV         INTERVIEWS         INSTAGRAM       

« Souffle »

La notion de souffle, comme source d’énergie et de vie, se retrouve dans les cultures les plus anciennes.

A l’occasion de sa deuxième exposition personnelle à la galerie Laure Roynette, Julie Susset présente SOUFFLE, un ensemble de toiles comme autant de respirations : habitées par une même idée, dans leur rythme s’entend la musique de la vie. Une vision de l’extérieur vue de l’intérieur, un voyage de l’esprit dans un monde vivant où le rêve n’est pas loin.

Ici, la peinture danse en un flot continu de mouvements, de gestes qui se brisent, s’effacent et se révèlent en une peinture instinctive, presque sauvage. L’artiste peint, dans un souffle, des vibrations colorées comme autant de réactions spontanées. Nourrie de ses expériences, elle nous donne à voir un travail sensoriel qui s’appuie sur une circulation entre l’aventure de la création et la remémoration du souvenir, entre le travail savant de l’artiste et l’accident de la matière. Chaque tableau est dès lors chargé d’un mystère, d’une histoire propre à l’artiste.

Souffle : le sujet résonne comme un rappel pour l’artiste. Comme à l’arrêt ces deux années passées pendant lesquelles nous avons vécu une expérience inédite, isolés et contraints, le souffle et le vide ont été deux centres de notre réalité. Le souffle à la fois symptôme et métaphore d’un essoufflement général, d’une remise en question nouvelle de notre civilisation. Le vide, symbolique du confinement mais aussi, élément central de l’acte de respiration. Ce contexte a trouvé dans le travail de l’artiste une résonance toute particulière, car pour le peintre, « peindre, c’est respirer ». Le geste n’en devenait que plus urgent. L’artiste cherchant son souffle, produit. Par l’apposition et la superposition des couleurs, par le dynamisme de la touche signant l’expression de cette énergie qui lui est chère, Julie Susset cherche aussi à insuffler la vie. Le processus créatif est alors baigné par la spontanéité du geste, la fluidité du pinceau, la transparence des couches. Plus que cela, sous l’impulsion de cette quête, la peinture se mue.

Après une exploration et une évasion dans ses jungles imaginaires, Julie Susset a ressenti le besoin de faire le vide, de s’alléger. Dans cette nouvelle série de toiles, l’artiste se rapproche du motif et réintègre un sujet, non au sens d’une proposition mais plutôt de formes. C’est un sujet à l’état de trace, qui veut refaire surface, ce qui ouvre une nouvelle recherche sur son approche de la composition. Du côté des couleurs, la palette s’enrichit, se renouvèle : terres, jaunes, ocres, bruns, et blancs viennent s’ajouter aux couleurs habituelles de l’artiste. Les toiles comme autant d’instruments, se répondent et jouent ensemble sur le tempo du vivant, dans une unité de corps et d’âme.

Avec cette exposition, Julie Susset nous partage un équilibre en construction entre le voir et le paraître, le dehors et le dedans, la tension et l’attention. Garder le rythme et la musicalité, articuler le vide et le plein. Peindre le souffle et le vivant. Et ne pas oublier de respirer. A chacun de trouver les bonnes raisons de reprendre son souffle.

Cette exposition est un élan de vie, plein de fougues et de résiliences.

Galerie Laure Roynette, juin 2022

« Bird »

Nerveuse, rapide, fragmentée, sa technique rejoint une gestuelle intuitive alliant spontanéité et improvisation. La peinture s’étale vigoureusement sur la toile laissant apparaitre aplats et traits dans une vaste mosaïque colorée, tantôt abstraite, tantôt figurative. À l’effervescence que représente son quotidien parisien se substituent des couleurs oniriques formant de loin des paysages idylliques et de plus près des vagues apaisantes de couleurs. Julie Susset en est l’auteur. Son sujet ? La peinture ! Son inspiration ? Son optimisme !

L’artiste déverse dans son art ses envies et ses fantasmes, une sorte d’exutoire de bonheur en somme. Le rendu est aussi dynamique que sa réalisation. Celle-ci débute dans l’esprit de l’artiste. Petit à petit, l’énergie y monte se nourrissant des piétons, des voitures, des gratte-ciels, des bruits de la Ville lumière. Le foisonnement de vie de la capitale française inspire directement Julie Susset qui transpose cette vivacité dans ses toiles, créant un contrepied tropical à cette jungle urbaine. Ses envies d’ailleurs et de voyages viennent ponctuer la figuration de ses peintures.

Jouant sur les aplats de couleurs, le dessin et les effets de transparence, Julie Susset développe une écriture singulière, faite d’exploration. Chaque nouvelle toile représente l’occasion de faire évoluer ses gestes et sa palette vers de nouveaux horizons.

Travaillant en même temps sur plusieurs tableaux côte à côte, l’artiste plonge tour à tour dans chacun d’entre eux laissant le hasard de sa technique gestuelle former une peinture lyrique. Chaque coup de pinceau est comme une note de musique posée énergiquement pour créer un rythme. C’est vivant, vibrant. Le désordre de sa gestuelle artistique prend progressivement corps, un développement similaire au jazz d’un Charlie BIRD Parker.

Les tableaux de Julie Susset se contemplent de la même façon que s’écoute une musique captivante. Avec ses tripes, son corps et son cœur. On s’y plonge pour attiser son propre imaginaire et s’évader dans un rêve éveillé. Une belle invitation à voyager !

Thibaut Wauthion, auteur, curateur, médiateur culturel et journaliste, pour la galerie La peau de l’ours, Février 2021

POINT CONTEMPORAIN / EN DIRECT / EXPOSITION DE TOUT IL RESTA TROIS CHOSES, EXPOSITION PERSONNELLE DE JULIE SUSSET JUSQU’AU 20 MARS 2021 GALERIE LAURE ROYNETTE PARIS PAR PAULINE LISOWSKI
(lien de l’article)

Julie Susset déploie un geste pictural d’une grande intensité, à la fois intuitif, hasardeux et contrôlé, faisant ainsi surgir des « paysages intérieurs » sur sa toile. Elle puise ses sources d’inspiration dans des images qui l’accompagnent à son atelier. De nombreux écrits dans ses carnets, journaux de bords nourrissent également sa création et stimulent son imagination.

Ses peintures naissent d’émotions, de voyages, de souvenirs. Elles présentent une palette entre couleurs flashy et d’autres beaucoup plus sombres. L’artiste fabrique ses couleurs par jus, celles-ci se modifiant, se mélangeant directement sur la toile. Elle joue avec l’accident et maîtrise la présence des couleurs qui accentuent le mouvement de ses paysages de végétaux. Ainsi, ses toiles présentent une stratification de pigments et de vibrations colorées. 

Sa composition apparait au fur et à mesure de son expérience sur la toile ainsi que de ses observations visuelles et mémorielles. L’artiste dialogue avec sa peinture, se saisit de l’âme de son œuvre qu’elle perçoit et y délivre ses sensations, émotions. Les titres choisis évoquent d’ailleurs le caractère de sa toile et font appel à des langues et à des symboles cachés. 

Des plantes ressortent après un temps d’expériences corporelles sur son support. Julie Susset libère une énergie et ses peintures témoignent d’un rythme, d’une concentration. Elle élabore des gammes de couleurs, plus ou moins chaudes, produisent des atmosphères très différentes, parfois exotiques. Chaque toile nous invite alors à un voyage dans un lieu imaginaire, dense, sauvage, nous incitant à songer à un ailleurs lointain. 

Derrière la multitude de végétaux émergent, le vivant, la vie, l’être humain dans toute sa spontanéité et ses émotions. Ses peintures nous proposent des expériences immersives dans des espaces colorés, que notre regard traverse. Elles rappellent des expériences de promenade dans des milieux denses dans lesquels nous sommes incités à nous frayer des chemins. L’artiste s’émerveille devant la nature, avec un profond respect et nous dévoile des paysages oniriques. Le texte de Fernando Sabino, indiquant le commencement, la continuité, les pas, la possibilité d’une rencontre, fait écho à sa démarche picturale.

À la galerie Laure Roynette, les toiles de l’artiste nous emmènent dans des espaces hors du temps, où naissent des rêves, des fictions et des moments de joie profonde. Chacune incarne un instant de rencontre avec des couleurs éclatantes et l’expression d’une évasion par la peinture.

Pauline Lisowski (critique d’art, commissaire d’exposition), Point Contemporain, Mars 2021

Texte de l’exposition « De tout, il resta trois choses… »

« Je peins comme je vis ! De manière instinctive, spontanée et plutôt libre ! Il n’y a pas de plans, pas de règles (j’ai tout de même quelques rituels). Des images, mes souvenirs, et mes émotions me servent de point de départ. Le travail à l’atelier est toujours accompagné de musique. J’aime l’idée de retranscrire l’énergie du moment (et son rythme) dans un mouvement fluide, comme une danse. C’est dans l’urgence que je peins souvent, dans un souffle… Je vais utiliser mes mains, mes avants bras pour faire les effets que je souhaite, tout mon corps est à l’œuvre.

Ma peinture est une série sans fin ! Mais au sens large du thème, pas au sens de décor ou de paysage. Le végétal n’est que la couche finale apparente sur mes toiles. Cachée derrière les couleurs attrayantes et les paysages oniriques, il y a surtout la nature humaine, bien vivante et ses émotions multiples…

J’ai un émerveillement d’enfant face à la beauté de la nature… qui force au respect, à l’humilité.»

Galerie Laure Roynette, Paris, Janvier 2021

Texte de l’exposition « Aux Souffles, Aux Terres, Aux Mers, Aux Lumières »

Libre et lyrique, la peinture de Julie Susset se situe à la lisière entre abstraction et figuration. Ça n’est pas tellement ‘la nature en soi’, mais plutôt ‘le sentiment de nature’ qui se dégage du travail de l’artiste. C’est une vision de l’extérieur vue de l’intérieur. Elle se traduit par une peinture qui représente des environnements vus avec le filtre de l’intériorité personnelle et du sentiment.

Lieux, moments et souvenirs ne font qu’un avec le ‘je’ qui se projette sur la toile.

Coups de pinceau rapides, calligraphiques ou ombragés par d’épaisses couches de peinture, la puissance des œuvres de Julie Susset nous apparait dans toute son énergie expressive : tons et touches se superposent donnant lieu à des surfaces de lyrisme poignant ; l’urgence du geste pictural s’établie sur la toile et s’enflamme dans un triomphe de couleurs.

Et ce sont la couleur et la recherche de lumière, les protagonistes du travail de Julie Susset. La diffusion libre de la peinture sur l’espace de la toile crée un style spontané et sensuel. Pourtant, bien qu’apparemment sans retenue, le processus de l’artiste est structuré. Elle pose soigneusement sa couleur, attentive aux relations entre elles et au poids de chaque coup de pinceau, se tenant souvent loin de la toile entre les couches, pour évaluer l’équilibre de sa composition et l’entrée de la lumière sur la surface. Le rythme visuel est dynamique et évocateur : forêts après les pluies, odeurs de broussailles et de bois mûrs, bruits d’airs, lumières écrasantes ou lunaires accueillent l’observateur.

Julie Susset est née en 1984. Elle est autodidacte. Son travail a été exposé en France et à l’étranger. Elle vit et travaille à Paris.

Maria Giovanna Gilotta et Florence Provost, Galerie Exit Art Contemporain, Septembre 2020

Texte de l’exposition « Matière et sentiments »

C’est la rencontre entre un collectionneur et une commissaire d’exposition qui est à l’origine de l’exposition «Matière et Sentiments». 
Les artistes partent de la matière pour « écrire » le monde. Ils utilisent diverses techniques : encre sur papier, sur parchemin et sur peaux, collages pour Jérémy Louvencourt ; faïence blanche, huile et acrylique sur toile ou papier kraft pour Virginie Hucher ; acrylique sur toile pour Julie Susset ; pastel, encre et aquarelle sur papier et techniques mixtes pour Amy Hilton. 
Chacun insuffle à ses créations une « âme », et sollicite les émotions de qui voit à travers leurs yeux d’artistes. Les pierres, les formes géométriques, les végétaux et les corps, sont les «objets-sujets» de leur desseins, et une grande émotion poétique se dégage de ces travaux qui incitent à la méditation et la contemplation.
C’est ce cheminement et cette figuration de la matière qui ont inspiré à François Beauxis-Aussalet et Laura Le Corre le titre de l’exposition.
Cette exposition de jeunes et brillants artistes n’est pas pour autant une simple juxtaposition, mais une manifestation artistique collective.
Si les propositions artistiques leur sont personnelles, les œuvres présentées résonnent entre elles dans la mesure où chaque artiste est attentif à «écrire» la pulsion vitale qui traverse la matière. Les pierres, les corps, les végétaux, les formes géométriques sont ainsi «mis en vie». Chacun teste les rapports de l’inanimé et du vivant, explore les rythmes et les cycles du cosmos, de l’être et de la Nature.
Ce sont les derniers travaux de ces quatre artistes qu’affectionne particulièrement François Beauxis-Aussalet qu’il a souhaité « donner à voir » en ce mois de juin, celui du solstice d’été, fête et célébration de la Vie.

François Beauxis-Aussalet et Laura Le Corre, Paris, Avril 2019

Texte de l’exposition « Pour Parler d’Elle »

« L’exposition Pour Parler d’Elle tire son titre de l’envie de parler de peinture en lui laissant le soin de se présenter par elle-même. 20 artistes, 20 peintures, une polyphonie d’idées et d’énergies qui met l’accent sur la diversité et crée une relation intime entre la peinture et son spectateur. Une exposition délibérément kaléidoscopique, entre narration et symbole, à travers une richesse de langages picturaux, de styles et de variations qui dialoguent les uns avec les autres … Pour Parler d’Elle offre au public un moment de réflexion, et l’occasion de redécouvrir le caractère novateur et l’impact de la peinture sur la création contemporaine. »

« Que la peinture soit morte est un adage obsolète. Depuis quelques années maintenant, après les dématérialisations conceptuelles, la dissolution du signe dans les abstractions extrêmes, la disparition de la peinture et de la sculpture dans les installations, il existe un désir légitime de revenir à la peinture. Un désir de couleur, de forme, de message et d’émotion picturale. Qu’elle soit à l’huile ou acrylique, figurative, abstraite, conceptuelle, sur toile ou métal ou sur les murs des rues, la peinture est bien vivante. Si l’art en général est la manifestation d’un sentiment et d’une action qui sont liés au contexte historique, social et culturel, alors, dans notre société, la centralité et la vision systématique du chemin artistique sont érodées par les changements soudains et continus auxquels nous sommes confrontés. Ainsi l’actualité de l’art se caractérise par la multiplication des genres et des langages et par le flot d’expériences technologiques. La peinture, Elle, assure alors un rôle de gardienne de la tradition mais aussi de révélatrice de la pensée contemporaine, capable de bouleverser pour innover. La peinture, discipline artistique par excellence, a le mérite de rendre plus explicites toutes les intuitions humaines, de pouvoir saisir plus immédiatement la nature du phénomène émotionnel. Dans l’expérience de la peinture, il y a le souffle de la liberté cérébrale, le moment où le rationnel cède la place à l’émotionnel, à cette pincée de folie qui rend l’homme si différent de l’ordinateur et le rend créatif. Cet accrochage est donc comme une petite anthologie de la volonté de peindre qui traverse l’art contemporain. Par le biais des artistes présentés, voici quelque mots du dictionnaire pictural contemporain : la séduction de la couleur avec Juliette Jouannais, l’habileté combinatoire des nouveaux territoires de Nicolas Kuligowski, la virtuosité narrative d’Alice Grenier-Nebout, la sublimation du geste dans les portraits d’Olivier Diaz de Zárate, l’ironie et la fantaisie d’Héctor Olguin et de Debens, la calligraphie raffinée de Guillaume Mary, l’évocation de la mémoire de Gil Bourget, la justesse photographique dans le travail à l’huile de Pascal Frament, l’élan visionnaire avec Christine Jean, la magie de l’évocation avec Raphaël Renaud, l’exploration des volumes avec les constructions de Carla Querejeta-Roca, la permanence de l’intime de Vicenta Valenciano, l’appel du non-dit d’Emilie Bazus, la fugacité de l’infini d’Anne Commet, la citation et le fragment de l’espiègle Christophe Goutal, l’ambition du rêve de Julie Susset, la spontanéité du trait de Chanoir. »

Galerie Exit Art Contemporain, Boulogne-Billancourt, Mars 2019

Texte FR / EN de l’exposition « Sex on the beach – Stirred not shaken »

FR
Ce n’est pas tout à fait Spring Break, mais les palmiers de Julie Susset dégoulinent déjà de couleurs psychédéliques alors que les filles d’Agathe Brahami-Ferron sont en maillot, le visage comme tendu vers le soleil. Ces corps d’argile sculptés, doucement ironiques, trouvent leur juste place dans cette Floride fantasmée par la peintre.
Premier ingrédient de ce cocktail, la jeune sculpteure Agathe Brahami-Ferron, tout récemment sortie des Beaux-Arts de Paris et notamment de l’atelier de céramique qu’elle a beaucoup fréquenté, pratique exclusivement le modelage de la terre. D’une grande justesse, ses pièces en faïence, saisissent l’air du temps, dévoilant le corps et ses imperfections. Ainsi, sa nymphette en bikini de gamine a quelques coups de soleil et exhibe avec enthousiasme la rousse toison de ses dessous de bras. Tout d’abord fascinée par la plage comme unique lieu public où l’on dévoile autant le corps, l’artiste cherchait à montrer, avec ses baigneurs, le rapport complexe aux normes sociales et à l’injonction au bonheur. Plus récemment, elle a développé un travail autour du tourisme et de l’exotisme en fabriquant de petits autels, véritables amoncellements d’objets insolites témoins de nos vacances. La plasticienne construit là un farniente imaginaire qu’elle émaille comme une peintre avec une palette de pigments métalliques mélangés à sa couverte obtenant des effets d’aquarelle ou des couches plus épaisses au gré de ses besoins. Le rosé de la peau, les taches de rousseur et la rougeur des joues ont ainsi un rendu extrêmement touchant, et on tombe sous le charme de ses bustes aux yeux masqués, véritables illustrations en volume, reflets à la fois candides et critiques de ce que nous sommes.
Les tableaux de Julie Susset, aux vives couleurs caribéennes, forment l’autre élément essentiel de ce pétillant mélange. La série présentée s’inspire d’un monde végétal luxuriant mais plus on s’approche et plus on perçoit son véritable sujet : celui de la peinture, faite de couleurs et de lumières jaillissantes. Sur de petits formats, l’artiste a expérimenté des couleurs moins habituelles chez elle, comme les fauves, les ocres et les bruns. On redécouvre avec un plaisir renouvelé la couleur jaune et la pleine sensation rétinienne qu’elle procure. Elle travaille toujours par transparence et superposition, créant ainsi une profondeur allant progressivement vers des teintes de plus en plus claires, cherchant par ses multiples couches à faire exister des atmosphères vaporeuses et secrètes comme celle d’une forêt après la pluie. Chaque geste pictural est dynamique, instinctif et profondément joyeux. Artiste autodidacte, Julie Susset oscille entre figuration et abstraction et déclare aimer cet entre-deux, cherchant avant tout la liberté. Par la vibration de ses couleurs, la peintre donne à sentir l’énergie vitale d’une nature rêvée. Par la sauvagerie de ses coups de pinceaux, elle nous fait pénétrer dans une jungle des possibles, un territoire mystérieux, moins littéral, mais plus profondément humain, celui des émotions. Avec son besoin impérieux de peindre, Julie Susset nous invite, elle aussi, au voyage, à travers ses toiles où le regard déambule, un peu ivre de tant d’exubérance, de tant de vie projetée.
Il y a dans cette exposition à l’esthétique lumineuse, une joie certaine qui s’exprime, une ivresse de vivre intensément. C’est peut-être Spring Break.

Safia Hijos, pour la galerie La peau de l’ours, Février 2019

EN
It’s not quite Spring Break, but the palm trees of Julie Susset already drip of psychedelic colors while Agathe Brahami-Ferron’s girls have put their swimsuits on, their faces stretched out towards the sun. These clay-sculpted bodies, gently ironic, find their rightful place in this Floridian exuberance fantasized by the painter.
The first ingredient of this cocktail is the young sculptor Agathe Brahami-Ferron, who recently graduated from the Beaux-Arts de Paris and its ceramics studio that she has attended a lot, developping an exclusive practice of clay modeling. With great accuracy, her earthenware pieces capture the spirit of the time, revealing the body and its imperfections. Thus, her nymphet in bikini has a few sunburns and enthusiastically shows the red fleece of her underarms. At first fascinated by the beach as the only public place where the body is unveiled, the artist seeks to show, with her swimmers, the complex relationship with social norms and the injunction to happiness. More recently, she has worked around tourism and exoticism by making small altars, piles of unusual relics of our holidays. The visual artist builds an imaginary world of leisure that she enamels like a painter with a pallet of metallic pigments mixed with glaze, in order to obtain watercolor effects, or thicker layers, according to her needs. The rosé of the skin, the freckles and the redness of the cheeks have an extremely touching rendering, and one falls under the spell of its masked-eyes busts, true illustrations in volume, candid and critical reflections of what we are.
The paintings of Julie Susset, with their Caribbean colors, form the other essential element of this sparkling mixture. The series presented is inspired by a luxuriant vegetal world, but the closer you get, the more you can perceive its real subject: pure painting, made of colors and gushing lights. In small formats, the artist has experimented less usual colors, such as tans, ochres and browns. We rediscover with renewed pleasure the bright yellow color and the full retinal sensation that it provides. She always works by transparency and superposition in order to create depth, gradually shifting towards clearer shades, seeking by its multiple layers to suggest vaporous and secret atmospheres such as a forest after the rain. Each pictorial gesture is dynamic, instinctive and deeply joyful. Self-taught artist, Julie Susset oscillates between figuration and abstraction and declares to love this in-between, seeking freedom above all. By the vibration of her colors, the painter allows us to feel the vital energy of a dreamed nature. Through the savagery of her brushstrokes, she let us penetrate into a jungle of possibilities, a mysterious territory, less literal, but more deeply human, that of emotions. With her compelling need to paint, Julie Susset invites us, too, to travel, through her paintings where the glance wanders, a little drunk with so much exuberance, so much projected life.
There is a luminous aesthetic in this exhibition, a certain joy that expresses itself, an exhilaration to live intensely. It may be Spring Break, after all.

Safia Hijos, for gallery La peau de l’ours, February 2019

Energie vitale, tumulte végétal.
Impulsion sous pulsions, l’évasion ne se rêve plus, elle prend vie et, au-delà des feuillages, nous fait danser vers d’autres terres.

Vital sap, green tumult.
Impulse under pulses, the escape is not just a dream anymore. It comes to life and, beyond the foliage, makes us dance towards other lands 

Texte de Jérémy Frontin pour ReadFokus / Kaléidoscope, août 2018.

« Evasion tropicale »

Dans une palette reconnaissable de couleurs vives et de verts dominants, Julie Susset superpose et fait dialoguer des souvenirs de natures qu’elle s’invente. Parcs, serres tropicales, arbres qui bordent les rues, sont tout autant de natures construites et ordonnées par l’Homme dont la jeune peintre s’empare. Comme une nécessité, la peinture s’est imposée à Julie Susset. Autodidacte, elle a recommencé à peindre lorsqu’elle était à Paris et a trouvé en ces représentations végétales comme un souffle nouveau. Un besoin de s’évader, un besoin de retour aux choses simples, qui nous laisse entrevoir le côté anxiogène que peuvent avoir les très grandes villes sur la création artistique. Dans des all over où la peinture jaillit, coule, s’étire, il est question de matière, de couleur et surtout de gestes. Dans une grande liberté offerte par le médium qu’est la peinture, Julie interroge les fantasmes, la façon dont notre imaginaire les construit et parfois sature de cette idéalisation.

Elodie Bernard (Regard B), commissaire d’exposition et directrice artistique pour La peau de l’ours, Avril 2018

« Julie Susset, la passion sincère. »

Artiste autodidacte, Julie Susset nous donne à contempler un travail qui est avant tout sensoriel, guidé par une découverte spontanée dont les inspirations se nourrissent d’une sensibilité qu’elle acquiert  par ses nombreux désirs de voyages. L’Europe puis très vite la découverte des autres continents, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du Sud, ces terres où la figure divine de la Pachamama, notre Terre Mère, est plus que présente. De l’art de ces civilisations, Julie Susset sait s’en inspirer, s’en imprégner pour donner à voir une œuvre personnelle significative, forte, authentique. Vibrantes, entre abstraction et figuration, les œuvres de Julie amènent le spectateur à laisser son esprit vagabonder au gré des toiles. Il éveille alors sa curiosité et part à la découverte de l’imperceptible au delà du visible. Plonger au plus profond son regard pour y découvrir un lieu où la pensée ordonnée s’abandonne à l’incertain, entre souvenir et intuition, entre réalité et imaginaire. Contempler les œuvres de Julie Susset, c’est une odyssée en soi, un voyage de l’esprit dans un monde vivant où le rêve n’est pas loin, un plaisir qui s’arrête dès lors que les yeux se détachent de l’œuvre. Ses œuvres fascinent par leurs couleurs, rappellent l’enfance par un jeu basé sur l’instinct, expriment un mouvement inconscient dans une volonté de transmettre une émotion. Sa touche sensible est apposée avec un dynamisme certain signant l’expression de cette énergie positive si chère à l’artiste.  Le processus créatif est alors baigné par la spontanéité du geste, la fluidité du pinceau, la transparence des couches, un partage entre préconscience du geste et contrôle du dessin. 
Julie Susset ne se contente pas d’appliquer la peinture sur un support ; elle retranscrit toute son adoration pour la vie, toute sa volonté d’être libre de son mouvement et d’être soi et part à la découverte d’elle-même grâce aux émotions premières qu’elle ressent. Généreuse, sincère, vivante, c’est ainsi que l’on peut qualifier à la fois l’artiste et son œuvre, une découverte multiple des sens, oscillant sur les fils de la fragilité et de la folie. 

Anne-Laure Girard, ALG Contemporary Art, Novembre 2017

« Julie Susset à la recherche de l’accomplissement »

Le travail de Julie Susset est de l’ordre du primitif coloré et de la pulsion. Sa peinture dans ses formes oblongues et végétales est vivante. Ce que l’artiste étend et tend sur ses toiles travaille la pensée et l’affecte, là où l’abstraction ne se limite pas à une simple spiritualité mais témoigne d’un érotisme larvé. Le geste anime les lignes. Ce qui en sort possède parfois la puissance de la matière et parfois la diaphanéité de ce qui en échappe. L’artiste semble sentir ce qui la traverse et arrive à le plaquer vivant sur le support. Julie Susset est entièrement dans sa peinture, elle imprime jusqu’à ses contradictions. Partant de la couleur elle fait naître des visions marquées par la coupure et l’union : formes phalliques et féminines tentent l’unité dans une destruction créatrice des apparences vers une autre harmonie.Chaque fois la jeune artiste reprend une course sans limite. Tout ramène sans cesse au geste qui induit des présences atmosphériques fortes par tout le « désordre » dont l’artiste anime ses constructions. Elles semblent spontanées comme si la plasticienne était débordée par sa création. Aucun ordre n’encadre la pulsion première. L’artiste lui donne des colonnes d’air. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Il y a dans cette mise en demeure, dans cette immédiateté tout un processus antérieur. : les couleurs de landes supérieures deviennent les organes de forêts qu’on ne brise pas avec des haches. 

Jean-Paul Gavard-Perret, écrivain et critique, avril 2017

« Julie Susset travaille sous le rythme de son âme singulière en feu et en éveille.  Celle-ci vient dérouter le spectateur qui se voit perdre toutes ses habitudes de codage de lecture immédiate à travers ses oeuvres. Elle interroge le spectateur sur la notion du rêve et de la réalité, on voit des choses, on devine des formes ? Un peu comme l’idée qu’on arrive à voir dans le noir pour laisser voir ce que l’esprit veut nous faire voir. L’artiste compose sa propre symphonie de couleurs, tel un artifice où l’espace prend vie et accompagne une narration qui nous interroge. L’histoire peut commencer. Julie Susset donne le ton, une allure. Elle fait danser votre regard (oui !), il déambule, se déplace curieux sur la toile suivant l’empreinte d’un geste pictural spontanément énergétique. On entre dans une forêt dense où la végétation chaleureuse et luxuriante joue de ses proportions irrégulières. La nature s’agite, se réveille, se transforme et s’ouvre aux possibles. Le ciel s’assombri et l’ambiance gronde de sensualité sauvage et poétique. Julie Susset nous apprivoise comme un animal et nous invite dans son territoire où le partage est synonyme d’Humanité. N’aillez pas peur d’entrer dans la jungle ! Et laissez vous guider par votre instinct. Enjaillez-vous de toutes ces couleurs, doutez d’y voir une forme ou une autre. L’imaginaire peut voyager librement, le rêve invite la réalité. Partez. »

Sarah Lefèvre, Un Regard sur les Arts, 2017

« L’exposition Rainforest propose une déambulation dans les paysages intérieurs de Julie Susset. Par son geste pictural instinctif, l’artiste met en scène des décors sauvages et poétiques où règne le végétal. Guidée par son intuition, elle privilégie les grands formats qui lui permettent de repousser les limites du cadre et explore l’espace de la toile avec une vitalité inouïe. Ses peintures oniriques, où la pensée rationnelle semble suspendue, sont rythmées par d’intenses vibrations chromatiques. Une invitation au voyage vers un imaginaire de possibles. »

Aurélie Chardin, commissaire de l’exposition Rainforest 2017

Julie SUSSET nous entraine dans des espaces poétiques où s’installent avec de tendres couleurs, dans des harmonies bien équilibrées entre les forts et les faibles, la vie mais aussi un monde qui respire, un autre monde des ailleurs imaginaires où les arbres se transforment en fleurs, en insectes, en taches. Chaque tableau est un poème sans les mots mais avec tellement de messages, et pourtant l’écriture est là et surgissent parfois des signes, des ponctuations… Ce qui retient l’attention c’est sa maîtrise de la couleur, elle est très coloriste, créant aussi de subtiles nuances dans ses harmonies. Ses recherches colorées sont des ressentis qui se traduisent par des palettes très affirmées comme du jaune au vert émeraude en passant par la délicatesse des turquoises, installant aussi parfois des nuances de roses et de rouges travaillés, valorisées par des blancs colorés. Les teintes sont rarement salies, ce ne sont que des rajouts pour créer des blancs teintés, des pâles blancheurs, de beaux silences… Elle a ce besoin de peindre qu’ont les vrais peintres de s’exprimer, dans l’urgence, où la gestuelle joue son rôle, sans retenue avec sa spontanéité, tout en gardant cette belle fraicheur des couleurs. Elle demande à la couleur de tout dire. Une volonté d’aboutir la pousse à travailler en séries sur des thèmes très affirmés comme dans ses oeuvres récentes, une série de toiles autour du jardin. Cette recherche en série lui permet de faire toute la lumière sur un thème, de le pousser à ne plus dire que l’essentiel.

Michel Savattier, responsable de la section abstraite du Salon d’Automne de Paris

Il s’agit de rendre sensible gestuellement la présence de l’immatériel. La présence est pourtant là… les signes et les gestes que l’on efface, qui cherchent leur place sur la surface indéfinie de la toile et qui ne finissent pas d’être que des traces. Les témoignages d’intentions et la fragilité de l’être. Créer un espace mystérieux dans lequel les signes ne sont que la référence à la pensée, à la possibilité de penser et de dire. Une composition dans laquelle les plans échappent à la raison et se révèlent. Existe-t-il un espace idéal dans lequel l’esprit guidé par l’œil se sent en état de coïncidence, comme libéré de son propre poids ? Une sorte d’état de grâce ou d’apesanteur, un état d’harmonie. Peut-être un état d’intuition. Il faut créer cet espace même si cela paraît dérisoire. C’est bien là le drame, le travail de l’artiste contemporain se pose plus en termes de ré- flexions que d’inventions. Il est un besoin de réaliser physiquement des signes. Non pas des signes qui disent sinon qui témoignent en silence de ce besoin humain. Trouver l’équilibre fragile entre l’équilibre et le chaos.

Michel Savattier, Président de la section Abstraction du Salon d’Automne 2013